Lavandin, olivier et céréales d’hiver · un modèle incroyable à Valensole

Hier matin nous sommes allés voir la ferme EXTRAORDINAIRE de Geneviève Auric et Laurent Bouvin sur le plateau de Valensole. Il s’agit de la ferme familiale de Geneviève, où le couple travaille depuis 30 ans. Ils sont passés en bio en 2006 en voyant que le système se dégradait et que l’achat d’engrais leur coûtait trop cher.

· Laurent Bouvin est le référent du nouveau groupe de fermes qui oeuvrent pour la vie sauvage secteur « PACA ». Un groupe Whatsapp a été créé et ils prévoient de se réunir dans une ferme pour faire des grillades ! Infos : laurent.bouvin@neuf.fr ·

Geneviève et Laurent travaillent actuellement 100 hectares de lavandins, oliviers et céréales d’hiver. Ils ont du adapter leurs pratiques agricoles à des sols en pentes, caillouteux, où tout est lessivé à la moindre pluie, où les orages d’été ont disparu et rendent les paysages désertiques à la fin de l’été. Ils ont cessé tout labour. Pour les céréales, se sont des rotations blé dur, puis mélange variétale de blé tendre, puis orge et enfin seigle, suivi de 3 à 4 ans de luzerne. Les semis de luzerne sont faits sous couvert végétale (semi direct) dans les céréales. Les luzernes sont régulièrement broyées pour apporter de l’azote et de la matière organique, aucune luzerne n’est exportée. Enfin ils scalpent la luzerne en fin de rotation pour l’implantation du blé suivant.

Les oliviers sont cultivés sur une prairie spontanée pleine de fleurs au printemps. L’huile est vendue en vente direct. Les oliviers sont amendés avec les restes de lavandins compostés.

Les lavandins quant à eux, sont binés mais uniquement à leur pied (à rebours de ce qui est fait sur la plateau où tout est biné toute l’année). Les bandes inter-rangs sont couvertes de luzerne et rolofaquées (on passe un Rolofaca pour « écraser les luzernes »). Laurent a invité une machine qu’il atèle au tracteur. Elle bine les pieds et écrase les luzernes en même temps. Le résultat est incroyable : le couvert végétal a sauvé la récolte 2023. En effet, la fleur de lavandin de la parcelle binée et nue du voisin a entièrement été mangée par la chenille d’une noctuelle. Chez Geneviève et Laurent, la luzerne a permis de réduire la température et a ralenti le développement effréné de la chenille qui a émergé plus tard chez eux et a permis au couple de récolter une belle quantité de lavandin. Le groupe, composé principalement de naturalistes, leur a proposé de ne rolofaquer que 9 rangs sur 10 pour laisser la place aux alouettes. Cette pratique permettrait d’augmenter significativement les populations d’alouettes des champs. Autour des lavandins, ils ont planté une haie haute tige dans le but de permettre à l’outarde canepetière de rester dans un milieu où sa vue porte loin. Cet incroyable oiseau est très rare et vit exclusivement en milieux ouverts.

Ils ont aussi installé de nombreux gîtes et nichoirs. Ils ont arrêté il y a longtemps de broyer le bord du canal d’irrigation. Et c’est un bonheur de voir les oiseaux et insectes s’épanouir dans l’épaisse toison que forment l’ajonc et les ronces. Laurent est naturaliste. Il a déposé des plaques à reptiles un peu partout et fait un suivi des espèces. Il observe des orvets (des lézards sans pattes!), couleuvres à échelons, couleuvres de Montpellier, couleuvres vipérines et coronelles girondines mais aussi de nombreux micromammifères dont le campagnol amphibie et le pachyure étrusque, le plus petit mammifère d’Europe : de la taille de deux phalanges !

Ils ont acquis récemment 4 hectares de chênes truffiers âgés de 30 ans. Malheureusement les conditions météo ne sont plus favorables aux truffes, il fait trop sec ! Le couple a choisi de laisser cette zone pentue en libre évolution. La défricher risquerait de raviner les sols.

Merci pour cette belle visite. On est revenus remplis de cette riche matinée !

Une réflexion sur “Lavandin, olivier et céréales d’hiver · un modèle incroyable à Valensole

  1. Mag dit :

    On voyait beaucoup d’alouettes là-bas dans mon enfance (j’y ai passe qq vacances d’été pleines de lavande) et aussi dans la plaine de Valence. Depuis je n’en vois que rarement…j’ai l’impression d’avoir 80 ans en disant ça mais j’en ai moitié moins! Alors merci pour la bonne nouvelle d’un possible retour de ce magnifique passereau sur le plateau de Valensole. Bientôt aussi chez nous?

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