Demain au magasin des fermes paysannes et sauvages, à la ferme, des légumes d’été de Guillaume et Juliette, des pêches, des pêches, des pêches et des nouveautés : soupe de courgette du Potager de Dantonnière à déguster chaud ou frais ! Des confits de plantes et des tisanes de La clef des sables, des pickles (miam!) de la Ferme du Rougequeue. Tous ces beaux et savoureux produits issus de fermes qui oeuvrent pour le retour de la vie sauvage au coeur des espaces agricoles. Voilà qui donne la pêche !
Mois : juillet 2023
« Cette ferme a imité les castors pour faire renaître une rivière et réhydrater les prairies »
Un article sur les petits barrages du ruisseau réouvert dans La Relève et La Peste :
La ferme au journal d’Arte
Melvyn Guillot-Jonard et Sébastien présentent la ferme au journal d’Arte, en lien avec l’étude internationale coordonnée par Stanislas Rigal et Vincent Devictor sur le déclin des oiseaux en Europe. 😊https://www.arte.tv/fr/videos/116096-000-A/agriculture-vergers-et-elevage-bio-pour-faire-revenir-les-oiseaux/
et le lien vers l’étude : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2216573120
Des nouvelles du ruisseau réouvert
Par Maxime Zucca pour Réensauvager la ferme
En février dernier, pour créer de nouvelles zones humides sur la ferme, nous ré-ouvrions un cours d’eau busé depuis plusieurs décennies qui passait en travers de la ferme avec l’aide de l’agglomération Valence-Romans, profitant de la présence des pelleteuses sur la ferme pour la création de mares dans le cadre du Marathon de la biodiversité. Cette portion de cours d’eau enterrée n’avait aucune existence juridique. Il provient d’une source située à 2 km en amont et sert à l’irrigation de deux exploitations, avant de se jeter dans le canal du Moulin. Les buses étaient aux 2/3 comblées par la vase : il n’aurait pas fallu beaucoup d’années pour que l’inondation se produise spontanément. Dès les premières minutes, nous avons vu des Chevaines (poissons) apparaître dans le cours d’eau réouvert.
Depuis, lors d’un chantier participatif réalisé en avril impliquant les paysans du réseau Fermes paysannes et sauvages et les techniciens GEMAPI de l’agglo, nous avons élargi le lit de ce nouveau ruisseau en y construisant des ouvrages mimant l’action des castors, à base de branches de saules, de luzerne, de terre et de cailloux, guidés par Baptiste Morizot et un spécialiste américain des ouvrages castor mimétiques, Joe Wheaton. L’objectif de cette opération était de réhydrater les sols de la ferme en reconnectant ce cours d’eau à la nappe, et de créer une zone humide favorable aux espèces sauvages. La pari est donc tout autant de pouvoir disposer d’herbe verte plus tard en saison pour faire pâturer les moutons autour de la zone que de créer des conditions de vie favorables pour les insectes, les oiseaux…
L’effet fut très rapide, et même exceptionnel, avec une remontée immédiate du ruisseau, une remontée vraisemblable du niveau de la nappe (non mesurée mais visible par l’humidité des berges) et un élargissement de l’espace d’écoulement. Résultat : le lieu devient très accueillant pour la faune et la flore, et la prairie à côté est encore toute humide en juillet ! Les hirondelles viennent y chasser les insectes, hérons, colverts et poules d’eau y pêchent ou y promènent leurs jeunes, et déjà près de 30 espèces de libellules y ont été observées. Les poissons y circulent, et les insectes aquatiques sont nombreux. Et comme nous l’espérions, le site attire également des oiseaux d’eau migrateurs en halte. En ce mois de juillet, se sont ainsi succédés des Chevaliers culblancs, un Chevalier sylvain et deux Chevaliers gambettes ! Ce canal d’irrigation, busé, était artificiel, mais à partir de ce type d’aménagement aussi on peut revitaliser les alentours et réhydrater les sols. Nous en reparlerons.
Des saules ont été plantés sur l’une des berges : nous attendons maintenant que les castors arrivent, attirés par ce nouvel espace, et poursuivent le travail de réhydratation que nous avons entamé.
Les observations estivales des fermes paysannes et sauvages !
En cette saison, le réseau met ses rencontres en pause. Mais notre fil Signal fuse dans tous les sens. Pas une journée sans qu’un paysan ou une paysanne ne partage une observation, une rencontre avec le sauvage de sa ferme. En voici quelques extraits :
L’adulte ressemble à ça:
Christèle Eynard passe son temps à écouter des podcasts lorsqu’elle travaille, elle a donc constamment l’appareil photo sous la main.
Bref, c’est un bonheur d’avoir un métier où l’on passe notre temps en extérieur et d’avoir autant d’occasions de rencontrer des êtres aussi fabuleux toute la journée.
Alain, Elsa, Laure, Marina et Valérie pour l’association des fermes paysannes et sauvages
Le rôle du genre sur la mécanisation dans le monde agricole
Il y a quelques mois avait lieu l’AG de L’Atelier Paysan. A cette occasion (et puis plus tard lors de rencontres de femmes rurales du Civam Drôme) Agathe Demathieu a présenté sa thèse en sociologie sur le rôle du genre sur la mécanisation dans le monde agricole.
Parce que dans le monde agricole les tâches sont souvent très genrées : les hommes sur les machines, les femmes à la compta, la vente, la transfo ou les récoltes. Souvent les femmes installées ont tendance à être moins mécanisées que les hommes installés sur le des ateliers équivalents, par peur des machines, par appréhension des pannes.
Ce que révèle l’étude d’Agathe c’est que dans l’histoire de la modernisation de l’agriculture, on a toujours d’abord mécanisé les tâches des messieurs en priorité, la mécanisation des tâches « féminines » s’est faite plus tardivement, sous l’excuse de « on n’a plus les moyens d’investir de l’argent pour le confort », puisqu’on s’était déjà endetté pour Monsieur.
Ce que dit aussi la thèse d’Agathe c’est que les tâches valorisées et valorisantes sont « masculines » alors que les tâches non valorisées et non valorisantes sont laissées aux femmes. Un exemple, la traite était historiquement une tâche féminine. Lorsqu’elle fut mécanisée, elle fut valorisée parce qu’il fallait alors être « formé » pour utiliser une salle de traite et la traite est devenue une tâche « masculine », technique. Les femmes se sont alors cantonnées au ménage de la salle de traite… Les hommes ont donc l’avantage de la formation et c’est une des clés de la déconstruction des différences de genre en agriculture : permettre aux femmes d’accéder à la technique !
Et c’est l’apport de l’Atelier Paysan à travers ses nombreuses formations: travail du métal et soudure, mécanique, conduite de tracteur, autoconstruction, entre autres (https://www.latelierpaysan.org/Formations). C’est un travail de toutes et tous et de tous les jours de conscientiser ces inégalités et d’avancer et construire ensemble. Parce qu’il est important d’avoir le choix de nos tâches et non pas qu’elles nous soient dictées par notre genre. Alors pour nous c’est important de dégenrer notre travail quotidien.
Lien vers les textes d’Agathe Demathieu :
– Comprendre la division sexuelle du travail agricole : évolutions historiques et impacts présents : https://agrigenre.hypotheses.org/6805
– Comprendre la division sexuelle du travail agricole : comment les techniques contribuent à la perpétuer ? : https://agrigenre.hypotheses.org/11345
Mares, nichoirs et mauvaises herbes : ces paysans accueillent le vivant
Un très beau reportage sur les fermes paysannes et sauvages tant par le texte que par les portraits, qui met en lumière de belles fermes du réseau !
https://reporterre.net/Mares-nichoirs-et-mauvaises-herbes-ces-paysans-accueillent-le-vivant