Deux experts greffent les abricotiers

Deux maîtres greffeurs, Denis et Pierrot, ont investi le petit verger toute la journée mardi pour greffer des abricotiers sur pêchers (le porte-greffe) dans la serre et sur les arbres impactés par l’ECA.

Chaque année nous tronçonnons 10 à 20% de nos abricotiers parce qu’ils sont touchés par l’ECA (Enroulement Chlorotique de l’Abricotier), un virus véhiculé par une petite cicadelle qui fait dépérir doucement l’arbre, réduisant l’abricot à un noyau et une fine couche de chair immangeable. Pour y remédier nous tentons une expérience (de plus) : Juliette et Guillaume étant partis à Thodure, la serre est disponible depuis plusieurs années. Nous y avons planté de jeunes pêchers sur lesquels Denis et Pierrot ont greffé les abricotiers. Dès le printemps, nous allons fermer la serre avec des filets pour que la cicadelle ne puisse pas y rentrer et piquer le tronc des abricotiers.

Un autre maladie complique la production d’abricots. C’est la moniliose causée par un champignon, le monilia qui fait couler les fleurs au printemps et dépérir l’extrémité des branches, qu’il faut ensuite sectionner. Ce champignon se propage avec la pluie. Les arbres sous serre sont protégés de la pluie au printemps et donc du champignon.

Enfin, la dernière maladie c’est la bactériose. Elle tue carrément l’arbre. Dans ce cas, la solution est simple : un greffage haut. On sait pas pourquoi ça marche, mais ça marche et c’est ce que font Denis et Pierrot. Nos deux experts ont plusieurs millions de greffage à leur actif avec plus de 40 ans de carrière et 100 000 arbres par an. Les gestes sont vifs et précis, et les conversations abondantes. Ils se régalent.

La moisson tant attendue

🌻🌻🌻🌻 Cette année on a fait venir le voisin pour moissonner le tournesol : cabine, clim’, pas de poussière, bref, du luxe et une taille impressionnante. Trois petit tours et puis s’en va, la parcelle est moissonnée !

🌻🌻🌻🌻 Une récolte prometteuse pour l’huile. Maintenant il faut encore le trier, l’amener au pressage, le récupérer et mettre en bouteille. D’ici un mois ou deux, l’huile de tournesol sera de retour dans vos cuisines. On vous tient au jus.

Une nouvelle aventure

Une nouvelle aventure commence pour les jeunes poulettes (et les 3 dindonneaux). Elles ont 3 mois et sont maintenant assez grandes pour aller dans le verger sans se faire prédater. Elles ont mis près de 3 jours à oser sortir du poulailler. Mais dorénavant, elles profitent et explorent : voir la vidéo.

Les populations d’oiseaux continuent de croître au Grand Laval !

par Maxime Zucca pour Réensauvager la ferme

Les résultats de l’année précédente avaient déjà été mis à l’honneur par Angela Bolis dans Le Monde hebdo cet été https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/07/30/dans-une-ferme-de-la-drome-le-retour-de-la-vie-sauvage_6183878_4500055.html

Pour la deuxième année consécutive, nous avons effectué un comptage de tous les territoires d’oiseaux de la ferme. Mais cette année s’est en plus doublée de ce même travail sur les nouvelles parcelles de la ferme, grâce au travail précieux de notre stagiaire de Master 2, Melvyn Guillot-Jonard.

Nous disposons donc désormais de deux années, 2022 et 2023, pour comparer les effectifs de la ferme dite « historique » avec les populations dénombrées par Sébastien Blache à son arrivée en 2006 et 2007.

Les résultats étaient déjà spectaculaires en 2022 : ils le sont plus encore en 2023.

L’année 2023 a vu apparaître 3 nouvelles espèces nicheuses sur la ferme (Faisan de Colchide et Milan noir, Geai des chênes), une espèce qui avait niché occasionnellement mais pas aux dates suivies (Rousserolle effarvatte), réapparaître une espèce qui avait disparu (Moineau friquet), événements auxquels on peut ajouter la reproduction possible du Râle d’eau, qui serait également nouvelle.

Le nombre d’espèces nicheuses est ainsi passé de 31 en 2006 à 48 en 2023 !

Quant au nombre de couples, toutes espèces confondues, le résultat est plus spectaculaire encore ! De 66 couples en 2006 et 2007, nous sommes passés à 145 couples en 2022 et 157 couples en 2023. Soit une augmentation de 140% !

Nous avions déjà, sur la base des résultats de 2022, montré que la ferme bénéficiait aux espèces en déclin au niveau national, déclin récemment remis sur le devant de l’attention générale par l’article de Stanislas Rigal et ses collègues paru en début d’été. Les résultats de 2023 en poche, Melvyn a affiné cette comparaison des tendances des espèces d’oiseaux de la ferme avec leurs tendances au niveau national. Il apparait que la tendance des oiseaux au niveau national n’explique pas du tout la tendance des oiseaux observés sur la ferme. Au contraire, une majorité d’espèces en déclin au niveau national se trouve en augmentation sur la ferme (p =0,003). Il en va de même pour les espèces stables au niveau national : elles augmentent sur la ferme. Nous avons également regardé ce qu’il en était en fonction de l’emplacement de nidification. Les oiseaux nichant dans les arbustes ou les arbres ne présentent pas de différences significatives de tendance entre la ferme et le niveau national. Par contre, les espèces nichant au sol sont globalement en augmentation sur la ferme alors qu’elles déclinent au niveau national (p=0,01). Enfin, nous nous sommes attachés au régime alimentaire. Nous n’observons pas de différence de tendance pour les granivores. Mais les insectivores ont des tendances bien meilleures sur la ferme qu’au niveau national (p = 0,02).

Qu’en est-il sur les nouvelles parcelles de la ferme ? S’il n’est pas possible de comparer les chiffres bruts avec la parcelle historique de 17 ha (les surfaces n’étant pas les mêmes), voici quelques enseignements :

-Les 9 ha de parcelles en agriculture conventionnelles reprises cette année et donc en cours de conversion sont extrêmement pauvres : 4 couples pour 3 espèces (Cisticole des joncs, Alouette des champs et Caille des blés)

-les 25 ha de parcelles en sous bail précaire converties il y a 5 ans en polyculture élevage Bio présentent des effectifs intermédiaires (mais elles sont bordées par une grande haie, contrairement aux 9 ha) : 26 espèces pour 75 couples.

Cette dernière grande zone permettra de favoriser davantage les espèces des milieux ouverts. C’est en particulier là que se trouve le bastion sur la ferme d’espèces comme le Bruant proyer (8 couples cette année, contre 3 sur les 17 ha historiques), l’Alouette des champs (5 couples cette année contre 2 sur les 17 ha historiques), la Caille des blés (4 couples cette année, contre 1 sur les 17 ha historiques) et la Perdrix rouge (3 couples cette année, contre 1 sur les 17 ha historiques). Maintenant, on y attend l’Outarde !

Parmi les observations d’oiseaux récentes, quelques petites surprises :

-1 Canard chipeau posé sur le ruisseau réouvert le 19 août (première donnée d’un oiseau en stationnement sur la ferme)

-1 Bouvreuil pivoine dans la ripisylve du ru du Moulin le 20 août (2e donnée sur la ferme, la précédente en 2012)

-1 Engoulevent d’Europe en chasse ai-dessus des brebis le 3 sept (3e donnée sur la ferme)

-1 Pipit rousseline le 8 septembre en stationnement dans les cultures (2e donnée sur la ferme, la première en 2022).

Plus d’informations : https://reensauvagerlaferme.fr/