Des ruisseaux incisés ou des ruisseaux naturels

A notre époque, on est souvent imprégnés de l’image de RUISSEAUX INCISÉS. Pour nous, un ruisseau ou une rivière « normale » est un profond sillon creusé dans le sol à 1 ou 2 m parfois 10 m de profondeur et qui court sans aucune entrave pour atteindre le plus vite possible son objectif : l’océan. Or il s’agit là d’une conception complètement erronée de ce qu’est un ruisseau ou une rivière naturelle.

Une rivière saine, dont le lit n’a pas été modifiée par l’humain pour la canaliser, la dompter, la maîtriser, est sinueuse, ANASTOMOSÉE (en tresse, qui n’est pas constituée d’un seul écoulement unique) et À FLEUR DE TERRE, étendue sur des dizaines de mètres de large, entravée par des obstacles comme des troncs morts, de la végétation, des pierres ou du sable. L’eau met du temps à couler d’un point A à un point B, beaucoup de temps.

Et c’est important parce qu’une rivière qui méandre a un rôle essentiel dans la vie d’un écosystème : elle stocke l’eau. Des chercheurs (entres autres Emily Fairfax, écohydrologue à l’université d’État de Californie et Joe Wheaton géomorphologue à l’université d’État de l’Utah aux Etats-Unis) ont démontré que la présence de rivières naturelles, anastomosée donc, freine les incendies, réduit les inondations et atténue les sécheresses.

Lors d’incendies, les zones de ripysylves (ces forêts rivulaires, de bord de rivières) font office de tampon, elles stoppent les incendies et sont des zones refuges pour la flore et la faune. Lors d’inondations, ces zones font office d’éponges dans lesquels les crues sont absorbées. Elles ont acquis la capacité d’absorber de très grands volumes d’eau dans les sols.

L’eau d’une rivière naturelle est en connexion avec sa plaine alluviale. Directement sous la rivière se situe la zone hyporhéique, cette zone est celle qui permet les échanges entre la rivière et la nappe phréatique. Lorsque l’eau sature le milieu, la rivière permet à la nappe phréatique de se remplir par le biais de la zone hyporhéique. Lorsqu’apparaît la sécheresse, l’eau stockée dans la zone hyporhéique et la nappe est peu à peu restituée à la rivière et l’eau continue de couler comme par magie malgré la sécheresse, c’est un phénomène très étonnant. L’effet peut se faire sentir jusqu’à 100m de la rivière !

Si l’on creuse, ou dès lors qu’on ôte ce qui ralentit l’eau, on favorise l’INCISION, on provoque un sillon profond qui fait disparaître la zone hyporhéique et les échanges entre la nappe et la rivière sont impossible, l’eau bombarde et n’a pas le temps de s’infiltrer pour être restituée en période de sécheresse. Si l’on creuse ou dès lors qu’on ôte ce qui ralentit l’eau, on fait disparaître la ripyisylve et elle ne remplit plus son rôle de zone tampon d’inondations ni de barrière aux incendies.

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